samedi 4 janvier 2014

25.000 logements publics bruxellois en 3.600 jours (lettre bimestrielle, numéros 25, 26, 27 et 28). Mai à décembre 2013.

En septembre 2013, le gouvernement bruxellois a adopté un ambitieux plan relatif au logement intitulé "Alliance Habitat" annonçant notamment 651 millions d'euros pour construire 6.720 logements. Ce plan est détaillé sur le site du Secrétaire d'Etat Christos Doulkeridis. Il est à noter qu'il ne concerne pas uniquement des logements à vocation sociale, mais également d'autres logements pour "renforcer la mixité sociale". Ce nouveau plan n'aura des conséquences qu'à long terme. Curieusement il ne mentionne pas l'objectif de 2009 de 15 % de logements de qualité à gestion publique et à finalité sociale dont il est question dans la présente lettre.

Les accords  gouvernementaux régionaux bruxellois du 12 juillet 2009 prévoyaient une augmentation radicale du nombre de logements publics par "une norme à atteindre dans les 10 années à venir de 15% de logements de qualité à gestion publique et à finalité sociale".

Cette lettre en principe bimestrielle a pour objectif d'être un aiguillon pour favoriser une réalisation optimale de l'objectif d'extension du nombre de logements publics, particulièrement les logements sociaux. Actuellement, environ 40.000 ménages sont sur les listes d'attente des sociétés de logement social bruxellois. 

Le rythme de publication de cette lettre s'est ralenti et malheureusement il en va de même du rythme de création de nouveaux logements. Le temps passe. Les saisons passent. Les hommes et les femmes trépassent. La construction de logements sociaux est-elle plus que jamais dans l'impasse?


Logements publics à finalité sociale
Estimation de l’état des créations de logements connu au 31 décembre 2013

 10.800
Nombre total de logements publics qui, logiquement, auraient dû être créés durant le temps écoulé depuis l'accord gouvernemental (estimation sur la base de la mise à disposition de 200 logements par mois)
3.100
Nombre total des nouveaux logements publics à finalité sociale réellement créés (estimation). A décomposer comme suit:
1.150
Logements construits depuis le début de la législature dans le cadre du plan dit des 5000 logements
0
Logements créés à partir de bureaux transformés
0
Logements créés à partir de logements et autres immeubles abandonnés
1.050
Logements créés par d'autres moyens (acquisitions, locations, contrats de quartier, fonds du logement…) (chiffre approximatif)
1.200
Logements privés mis à la disposition par les agences immobilières sociales (A.I.S.) (chiffre approximatif)
- 300
Logements publics supprimés (destruction, transformation-rénovation de petits logements en logements plus grands, mais moins nombreux,…) (chiffre approximatif)
53
Nombre de mois écoulés depuis les accords politiques (54 mois depuis le début de la législature)
66
Nombre de mois restants pour achever la mise à disposition des logements

Durant les 8 derniers mois, seuls 68 logements nouveaux ont été inaugurés dans le cadre du plan logement et 100 autres logements ont été inaugurés dans un autre cadre régional. Malgré la bonne volonté et l'énergie de beaucoup, les résultats sont donc extrêmement maigres. 

En ce qui concerne les logements en chantier, leur nombre est également de plus en plus faible. Il n'y a plus qu'une demi-douzaine de chantiers en cours. De plus, ces chantiers sont de petite taille. Ils représentent ensemble moins de 300 logements. En 2013, il semble qu'un seul chantier de construction nouvelle a été entamé (44 logements à Uccle en décembre).

Par ailleurs, un objectif important est la rénovation de constructions abandonnées et la transformation de bureaux inutilisés en logement.

Pour ce qui concerne la conversion de bureaux en logements, un processus de primes suite à un appel à projets pour la conversion de bureaux obsolètes ou inoccupés en logements est en cours. C'est un enjeu non négligeable dans une cité qui compte au moins 1,3 millions de mètres carrés de bureaux inoccupés. Actuellement, le nombre de bureaux convertis en logements à vocation sociale dans ce cadre est malheureusement toujours égal à zéro de même que le nombre de conversions en chantier.

Le calcul du nombre réel de logements à créer varie énormément selon les estimations (voir lettre de novembre 2010). La présente lettre se base sur un nombre de 25.000 logements. Dans ce nombre, il a été tenu compte des logements mis à disposition par les agences immobilières sociales même s'il ne s'agit pas au sens strict de logements à gestion publique. Par contre, il n'a pas été tenu compte des prêts octroyés par le Fonds du logement car ils concernent des immeubles à gestion totalement privée.

Dans le tableau, seuls les logements effectivement mis à disposition sont comptabilisés. Ils sont pris en compte dès qu'ils sont réalisés même s'ils ne sont pas occupés. Les chantiers, projets en cours de marché public,... ne sont pas repris. 

Si les logements avaient été créés comme prévus, cela aurait eu un coût. En l'absence de réalisation, actuellement, on peut considérer que les autorités régionales ou locales bruxelloises ont économisé environ 850 millions d'euros (sur la base d'un coût de 110.000 € par logement) aux dépens des personnes qui auraient occupé les logements. 

Informations complémentaires

Si vous communiquez des informations pertinentes, elles seront diffusées dans la prochaine lettre.
Didier Coeurnelle, en tant que citoyen bruxellois.
http://www.didiercoeurnelle.org

Source de l'image. Logements sociaux à Scampia, banlieue déshéritée de Naples.