jeudi 31 décembre 2009

La mort de la mort. Numéro 10. Décembre 2009.


Sera puni (...) quiconque s'abstient volontairement de porter à une personne en péril l'assistance que, sans risque pour lui ou pour les tiers, il pouvait lui prêter soit par son action personnelle, soit en provoquant un secours. (Article 223-6 du Code pénal français)

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Thème du mois: l'impératif d'assistance à personne âgée en danger

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Scène hypothétique. Vous êtes chef d'une petite gare de chemin de fer à deux voies. Sur une voie, un bébé dort dans une poussette bloquée. Sur l'autre voie, un vieillard en chaise roulante est également immobilisé. Un train de marchandise arrive et vous ne pouvez plus l'arrêter. Allez-vous actionner l'aiguillage pour écraser le bébé ou le vieillard?

Et maintenant la même scène hypothétique, mais la mère s'est précipité et vient de déplacer la poussette. Cette fois, il y a peu de chances que vous hésitiez, vous allez faire passer le train sur l'autre voie.

Au cours des siècles, il est probable que vous auriez réagi très différemment à un problème moral de choix entre un vieillard et un bébé. Il y a 300 ans, tuer un être qui n'avait pas une chance sur deux d'atteindre l'âge adulte était un acte moins grave que tuer un autre être humain, âgé ou non.

Aujourd'hui, inconsciemment ou consciemment, certains se diront qu'une personne âgée "a fait son temps". Pour les personnes âgées considérées dans leur ensemble. Il serait "bon" qu'elles meurent de vieillesse afin de pouvoir "laisser la place" aux générations futures. Ce raisonnement n'est cependant pas suivi à l'échelle individuelle. Lorsque, par exemple, un homme d'âge mur laisse ses parents mourir dans leur maison mal entretenue pour pouvoir bénéficier rapidement de leur héritage, la désapprobation sera considérable même si le raisonnement est similaire au précédent.

Le droit de nombreux pays européens connaît le délit de "non assistance à personne en danger". Si vous assistez à une scène où la vie d'une personne est mise en danger, il vous est fait obligation de tenter de la sauver pour autant que votre vie ne soit pas à son tour en danger.

Dans ce raisonnement, l'infraction sera établie même si vous aviez une raison de ne pas vous arrêter. "J'ai ben vu qu'il allait mourir, mais mon train allait partir et j'avais déjà payé mon ticket" ne sera pas une cause de justification valable.

En fait, ce raisonnement n'a jamais été appliqué que dans des cas individuels où le risque pour la vie était immédiat. Nous savons qu'il est possible de sauver des personnes mourant de malnutrition, mais personne ne sera poursuivi parce qu'il ne verse pas d'argent à une ONG. Nous savons aussi que ne pas fumer dans les cafés sauve des vies, mais un tribunal ne considérera pas l'absence d'action contre le tabac comme de la non-assistance.

Le même raisonnement pourrait s'appliquer pour les personnes âgées. Si vous voyez une personne très âgée effondrée sur le trottoir et que vous passez votre chemin, vous pourriez être condamné. Si, comme chercheur, vous trouvez un produit capable d'octroyer des années supplémentaires de vie en bonne santé, aucun juge ne vous condamnera si vous passez quelques mois à négocier le meilleur contrat possible avec une firme pharmaceutique. Et ceci, même si le produit est potentiellement utile à tous, y inclus le juge approchant de l'âge de la pension.

Un autre argument parfois entendu au sujet de la prolongation de la vie en bonne santé est "qu'il n'y aura pas assez de place pour tout le monde". La terre est considérée comme potentiellement surpeuplée depuis Malthus, mort en 1830 dans une terre qui comptait alors à peine un milliard d'habitants. Si la mort de vieillesse cessait totalement demain, il faudrait 50 ans avant que la population d'un pays comme la Suède soit augmentée de seulement 35 %.

Nous avons donc bien des décennies pour résoudre ce problème potentiel. Et ici encore, dans un cas individuel, le juge aurait bien du mal à entendre un argument de type "Mais monsieur le juge, si je l'avais sauvé, dans 50 ans, mes enfants risqueraient de ne pas avoir assez pour vivre par sa faute."

Pourquoi, seule l'abstention directe est-elle actuellement considérée intuitivement comme condamnable? Voici quelques-unes des raisons:

- Loin des yeux, loin du cœur. Infliger la mort est perçu très différemment si la victime est physiquement proche ou lointaine. Il vous serait plus facile de tuer en apposant une signature ordonnant une exécution qu'en tirant un coup de revolver. Et ce serait plus facile en tirant un coup de revolver qu'en devant égorger soi-même cette personne même complètement ligotée. Inversement, sauver en faisant un virement électronique depuis votre ordinateur sera plus difficile que de sauver en donnant de l'argent si vous voyez des blessés réclamant des soins mais n'ayant pas les moyens de les payer.

- Le degré d'incertitude Vous n'êtes pas certain qu'en versant de l'argent pour une ONG ou pour la recherche scientifique, vous sauverez des vies. A noter cependant que si vous êtes poursuivi pour non-assistance, le juge appréciera peu une réponse de type: "De toutes façons, j'ai bien vu que cette femme allait probablement mourir même si j'appelais les secours".

- La dilution des responsabilités. Des millions de personnes pourraient agir et donc chacune aura une tendance naturelle à n'agir que si les autres agissent. Ainsi, comme il a été démontré lors d'expériences de psychologie (avec des acteurs), il vaut mieux avoir une crise cardiaque dans une pièce avec un inconnu qui se sentira obligé d'agir que dans une pièce avec dix inconnus où chacun pensera que c'est aux autres d'agir.

Mais, pour les victimes de nos actions et de nos abstentions, directement ou de loin, peu leur chaut que vous les laissiez mourir sans les voir ou en les voyant. Ce qui importe, c'est que nos abstentions ou nos agissements sauveront des vies ou seront co-responsables de décès.

En ce sens, même si nous ne serons très probablement jamais condamnés si nous ne faisons rien, lutter collectivement pour une vie plus longue et en bonne santé et lutter contre tout ce qui provoque des morts évitables notamment celles de malnutrition apparait à tout le moins comme un impératif éthique.

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La bonne nouvelle du mois: un pas de plus vers la régénération des organes

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Une société américaine, "Organovo" s'apprête à mettre sur le marché, pour des institutions de recherche, un appareil capable de produire des tissus animaux ou humains à partir de cellules. A moyen terme, c'est un pas vers la régénération d'organes à partir de cellules souches.

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dimanche 6 décembre 2009

25.000 logements bruxellois en 3.600 jours (numéro 3). Octobre - novembre 2009

Les accords gouvernementaux régionaux bruxellois de l'été 2009 sont ambitieux. Ils prévoient, d'ici à 2019, une augmentation radicale du nombre de logements publics par une norme à atteindre dans les 10 années à venir de 15% de logements de qualité à gestion publique et à finalité sociale.

Concrètement, pour que la norme soit atteinte, 25.000 logements publics au moins doivent être créés en deux législatures ou encore plus de 200 logements par mois. En fait, vu l'augmentation de la population bruxelloise, le nombre de logements devant être créés sera même plus élevé.

Il s'agit d'une mesure extrêmement volontariste que des dizaines de milliers de personnes attendent avec impatience dans une ville où il peut faire bon vivre lorsque le logement n'est pas un problème, mais où ledit logement engouffre la majorité du budget des plus démunis.

Cinq mois après les élections régionales et trois mois après la création du nouveau gouvernement, il est encore trop tôt pour mesurer de manière détaillée l'avancement du nouvel accord mais les premiers éléments n'incitent pas à l'optimisme.

En effet, l'objectif nouveau ne concerne plus seulement la construction ab nihilo de logements, mais aussi la transformation de bureaux et de biens à l'abandon en logements ainsi que la poursuite de constructions déjà entamées. Et les accords concernent des constructions et des transformations
sur le court, moyen et long terme, c'est-à-dire, logiquement, à terme long de 10 ans, moyen de quelques années et court de quelques mois.

Jusqu'ici, rien de concret n'est annoncé si ce n'est l'abandon d'un projet de la législature précédente (le projet "Paroisse") et la révision d'autres projets.

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Etat de la réalisation de 25.000 logements en 3.600 jours (connu au 30 novembre 2009):

  • nombre de logements publics nouveaux construits: 58
  • nombre de logements publics créés à partir de bureaux transformés: 0
  • nombre de logements publics créés à partir de logements et autres immeubles abandonnés: 0
  • nombre de logements publics créés par d'autres moyens (acquisitions, locations,...): 0
  • (-) Suppressions de logements publics (acquisition par les locataires, destructions,...): 0

  • Nombre total de logements publics nouveaux réellement créés: 58
  • Temps écoulé : 3 mois depuis les accords politiques (5 mois depuis le début de la législature)
  • Temps restant pour achever la mise à disposition des logements : 115 mois
  • Nombre total de logements publics qui devraient en principe être créés durant le temps écoulé (sur base de 200 logements par mois): 1.000

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Informations complémentaires:

- Un site http://www.planlogement.be avait été réalisé par le Secrétariat d'Etat bruxellois au Logement et à l'Urbanisme de la législature précédente. Seule la page d'accueil du site est encore accessible mais le contenu a été supprimé. Aucun site nouveau n'est encore disponible. Tout un symbole: le plan logement n'est plus qu'une enveloppe vide!

- Le texte de l'accord de gouvernement 2009-2014 est accessible à la page
http://www.parlbruparl.irisnet.be/images/imgparl/accords2009/accordsfr.pdf.

- Le baromètre social du rapport bruxellois sur l'état de la pauvreté indique le nombre de logements sociaux nouveaux réalisés durant l'année 2008: 12 (soit un nouveau logement par mois).

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Si vous communiquez des informations pertinentes, elles seront diffusées dans la prochaine lettre.

Didier Coeurnelle, conseiller communal à Molenbeek-Saint-Jean

mercredi 2 décembre 2009

La mort de la mort. Numéro 9. Novembre 2009.

La vie est courte, même pour ceux qui passent leur temps à la trouver longue. André Maurois.

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Thème du mois: Les durées extrêmes de vie chez les êtres humains".
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Entre espèces animales même génétiquement proches, les variations d'âges maximum sont extrêmement importantes, des rapports de l'ordre de 1 à 10 . Par contre, entre êtres humains, les différences sont beaucoup plus réduites. Aujourd'hui, dans les pays du Nord, mais aussi de plus en plus dans ceux du Sud, lorsqu'un homme ou une femme meurt des suites de la vieillesse, ce n'est généralement plus avant 70 ans, mais ce n'est jamais non plus après 120 ans.

D'innombrables légendes et belles histoires ont été écrites à propos des durées extrêmes de vie. Pour des raisons de prestige, de croyances, de confusion,... Tout au long de l'histoire, des personnes et des groupes ont prétendu vivre très longtemps. Mais des patriarches de la bible, de Mathusalem qui aurait atteint 969 ans jusqu'aux innombrables supercentenaires du Caucase soviétique tout ce qui a pu être vérifié scientifiquement s'est avéré faux.

Les principaux facteurs qui influencent l'âge du décès (en dehors des maladies, accidents, ...) sont par ordre d'importance:

- Le patrimoine génétique: l'enfant de centenaire aura plus de chances de devenir centenaire.
- Le sexe: les femmes vivent en moyenne environ deux ans de plus que les hommes (mais cette différence tend à s'amenuiser).
- Le mode de vie: les personnes mangeant modérément, faisant de l'exercice sans excès, ne fumant pas et buvant peu ou pas d'alcool vivent 5 à 10 années de plus que des personnes ne suivant pas ces règles de vie.
- L'origine et l'appartenance sociale: les personnes les plus aisées ont une espérance de vie de dix années environ supérieure aux personnes les plus pauvres; cette différence étant plus grande chez les hommes que chez les femmes.
- Enfin, la perception globale de la vie, les optimistes de bonne humeur vivant plus longtemps que les tristes pessimistes (mais il est possible d'être optimiste de mauvaise humeur!).

Dans une mesure importante, les circonstances favorables et les circonstances défavorables peuvent se superposer. La personne qui cumule tous les "avantages" (une femme optimiste ayant des parents morts âgés, d'un milieu aisé et ayant un mode de vie sain) aura une espérance de vie d'une bonne vingtaine d'années supérieure à l'homme dépressif enveloppé et fumeur issus de parents ouvriers morts jeunes.

A l'échelon des pays, les espérances de vie extrêmes vont de 32 ans pour les hommes au Swaziland, où le virus du Sida fait rage, jusqu'à 87 ans pour les femmes à Macau (Chine). Chaque année, l'espérance de vie moyenne dans le monde croît d'environ quatre mois.

Les centenaires sont de plus en plus nombreux, ils sont actuellement dans le monde plusieurs centaines de milliers, peut-être environ 300.000. Mais leur espérance de vie est courte. Aujourd'hui, sur les 6,7 milliards d'individus qui peuplent notre planète, il n'y a qu'une centaine de "supercentenaires", c'est-à-dire de personnes ayant dépassé l'âge de 110 ans.

La personne la plus âgée ayant jamais vécu est Jeanne Calment, morte à 122 ans en 1997. Elle restera la personne ayant vécu le plus longtemps pendant encore fort longtemps puisqu'en ce mois de novembre 2009, pas une seule personne vivante au monde n'a vécu plus de 115 printemps.

A l'autre extrémité de la longévité, il y a des maladies génétiques qui ralentissent considérablement l'espérance de vie. Avec la progéria et le syndrome de Down, beaucoup de choses se passent comme si le corps humain vieillissait d'une manière accélérée. Pour l'enfant atteint de progéria, le décès surviendra presque toujours avant 20 ans. Avec le syndrome de Werner, la personne atteint l'âge adulte, mais ensuite son vieillissement est accéléré et elle mourra généralement avant 50 ans.

La maîtrise des mécanismes génétiques pourrait permettre un jour de lutter contre ces maladies. Cela pourrait concerner les personnes déjà vivantes aujourd'hui par le biais de traitements voire de thérapies génétiques. Certains projettent aussi de traiter les maladies des supercentenaires, pour que les frontières de durées de vie actuelles laissent place à plus d'avenir.

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La bonne nouvelle du mois: une thérapie génique rend la vue à des enfants presque aveugles.
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Il y a plus de deux ans, des enfants atteints d'une maladie génétique les rendant pratiquement aveugles ont reçu, par injection dans les yeux, des virus portant des gènes pouvant remplacer les gènes responsables de la vision altérée. Aujourd'hui, pour certains enfants, le traitement a été si efficace qu'ils ont pu rejoindre un enseignement ordinaire.

Toute thérapie génique réussie balise la voie de traitements génétiques contre le vieillissement. Et chaque mois qui passe, les connaissances en matière de génomes humain et animaux croissent notamment ceux concernant le vieillissement. L'horloge biologique progresse inexorablement, mais la science médicale repousse constamment les limites de l'imaginable.

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• Pour en savoir plus: http://sens.org, http://imminst.org, http://heales.org et http://immortalite.org.

• Pour réagir ou recevoir la lettre d'information: info@heales.org

• Image: jeune fille ou femme très âgée selon l'angle de vue.

mardi 3 novembre 2009

La mort de la mort. Numéro 8. Octobre 2009.


En vieillissant, les hommes ne deviennent pas plus sages. Ils perdent leurs cheveux, c'est tout. (Francis Ford Coppola)

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Thème du mois: Les durées extrêmes de vie ----------------------------------------------------------

Il y a encore bien des mystères scientifiques. Et parmi ceux-ci, le fait que nous ne sachions toujours pas vraiment quelle est la raison évolutive du vieillissement.

Les théories sont nombreuses et ne seront pas détaillées ici. L'hypothèse la plus intéressante est peut-être celle de l'intérêt du "pool génétique". Les êtres vivants parfaitement adaptés génétiquement à leur environnement et donc qui vieillissent peu sont aussi très dépendants d'un environnement stable. Les êtres vivants qui disparaissent plus vite en se reproduisant maintiennent une plus grande diversité génétique. Sur le long terme, l'évolution "élimine" les espèces adaptées à un environnement précis car l'environnement change.

Certains êtres vivants semblent ne pas vieillir. Ils ne mourront que suite à la prédation ou à une modification de l'environnement. Mais il s'agit d'espèces extrêmement éloignées des êtres humains. Il en va ainsi des hydres, très petits animaux à tentacules urticants vivant dans les marais. Certaines plantes et apparemment même certains êtres unicellulaires peuvent survivre des milliers d'années. Sous la forme de spores, il semble même que des organismes peuvent être conservés pendant des millions d'années et ensuite redevenir actifs s'ils retrouvent des conditions favorables.

Parmi les poissons, certaines espèces semblent pouvoir vivre plusieurs siècles. Ainsi, il semble qu'une carpe d'élevage ait vécu 226 ans et que certains poissons d'eau de mer (sébastes, en anglais "rockfish") puissent dépasser également les deux siècles.

Chez les vertébrés terrestres, aucune durée de vie de plus de deux siècles n'a jamais été établie. Le record absolu est de 177 ou 188 ans (selon les sources) pour une tortue des Galapagos. Evidemment, pour des durées de vie aussi longues, les preuves formelles de longévité sont difficiles à établir.

La durée maximale de vie dépend notamment de:

- La taille: les animaux les plus grands vivent le plus longtemps. Ainsi, une baleine peut atteindre l'âge d'au moins 130 ans (voire 200 ans selon certains) alors que le gobie pygmée, minuscule poisson des récifs coralliens de 15 millimètres environ, ne vit pas plus de deux mois.

- Le rythme de fonctionnement du corps: les êtres au rythme le plus rapide vivent le moins longtemps. Certains ont même affirmé que le nombre total de battements de cœur au cours d'une vie était similaire selon les espèces. Ainsi, le cœur d'un colibri battra environ 600 millions de fois à 600 pulsations par minutes durant quelques années de vie tandis que le cœur d'une tortue mettra plus d'un siècle pour achever le même nombre de pulsations à environ 10 pulsations par minute. De manière générale, les environnements plus froids semblent également favorables à une vie plus longue car ils ralentissent le métabolisme.

- L'importance de la prédation ou des autres causes de mortalité rapide: les animaux les mieux "protégés" vivent le plus longtemps. En effet, chez les animaux qui sont rapidement tués, la sélection naturelle favorisera une croissance rapide et une vie courte.

Les éléments cités, et d'autres encore peu connus ou inconnus, ont pour conséquence que des animaux très proches sur le plan biologique ont des espérances de vie très différentes. Ainsi, alors qu'une fourmi ordinaire ne vivra que quelques mois ou au plus quelques années, une reine fourmi peut vivre une trentaine d'années. Ces différences ne se limitent pas aux invertébrés, un rat domestique ne vit que deux ou maximum trois étés alors que l'écureuil gris, un autre rongeur de taille similaire mais moins victime de prédation, amassera des graines pour vivre parfois jusque 15 hivers.

En ce qui concerne la durée de vie, l'être humain se situe en haut de l'échelle mais c'est un phénomène relativement logique puisqu'il s'agit d'un mammifère de grande taille. D'autres primates peuvent d'ailleurs également vivre assez longtemps. Ce qui est le plus facteur d'espoir pour ceux qui souhaitent des avancées scientifiques dans ce domaine, c'est que le patrimoine génétique d'animaux à durées de vie très différentes est très similaire. Autrement dit, pour obtenir une vie très différente, une modification génétique relativement mineure pourrait suffire.

Dans le prochain numéro, ce sont les longévités extrêmes des êtres humains qui seront abordées: de la progéria tuant les enfants par sénescence généralement avant 15 ans jusqu'à Jeanne Calmant décédée à 122 ans (Jeanne Calmant n’est-elle pas trop connue que pour "accrocher", pourquoi ne pas citer plutôt le groupe humain qui vit le plus longtemps).

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La bonne nouvelle du mois: le prix scientifique médical le plus prestigieux pour des recherches orientées vers une vie beaucoup plus longue

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Le prix Nobel de médecine et de physiologie 2009 a été attribué à trois chercheurs définis par le journal "Le monde" comme "en quête d'immortalité". Elizabeth Blackburn, Carol Greider et Jack Szostak, ont découvert des mécanismes de fonctionnement de la télomérase. La télomérase est une enzyme qui permet de conserver les extrémités du chromosome (appelés télomères) lors de la division cellulaire. Le raccourcissement des télomères est une des causes fondamentales du vieillissement. En attribuant le prix à ces chercheurs, le comité Nobel marque l'importance de la lutte contre le vieillissement dans la médecine du 21ème siècle.

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Pour en savoir plus: http://sens.org, http://imminst.org, http://heales.org et http://immortalite.org.
• Pour réagir ou recevoir la lettre d'information:
info@heales.org
• Source de l'image: arbre, Flickr


dimanche 4 octobre 2009

25.000 logements en 3.600 jours (numéro 2) - Août - Septembre 2009

Les accords gouvernementaux régionaux bruxellois de l'été 2009 sont ambitieux. Ils prévoient, d'ici à 2019, une augmentation radicale du nombre de logements publics par une norme à atteindre dans les 10 années à venir de 15% de logements de qualité à gestion publique et à finalité sociale.

Concrètement, pour que la norme soit atteinte, 25.000 logements publics au moins doivent être créés en deux législatures ou encore plus de 200 logements par mois. En fait, vu l'augmentation de la population bruxelloise, le nombre de logements devant être créés sera même plus élevé.

Il s'agit d'une mesure extrêmement volontariste que des dizaines de milliers de personnes attendent avec impatience dans une ville où il peut faire bon vivre lorsque le logement n'est pas un problème, mais où ledit logement engouffre la majorité du budget des plus démunis.

Trois mois après les élections régionales et deux mois après la création du nouveau gouvernement, il est encore bien sûr trop tôt pour mesurer de manière détaillée l'avancement du nouvel accord.

Cependant, l'objectif nouveau ne concerne plus seulement la construction ab nihilo de logements, mais aussi la transformation de bureaux et de biens à l'abandon en logements ainsi que la poursuite de constructions déjà entamées. Et les accords concernent des constructions et des transformations sur le court, moyen et long terme, c'est-à-dire, logiquement, à terme long de 10 ans, moyen de quelques années et court de quelques mois. C'est courageux de la part des partenaires Olivier de s'être engagés aussi sur le court terme et cela ne sera évidemment pas facile.

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Etat de la réalisation de 25.000 logements en 3.600 jours (connu au 30 septembre 2009):

  • nombre de logements publics nouveaux construits: 0
  • nombre de logements publics créés à partir de bureaux transformés: 0
  • nombre de logements publics créés à partir de logements et autres immeubles abandonnés: 0
  • nombre de logements publics créés par d'autres moyens (acquisitions, locations,...): 0
  • - Suppressions de logements publics (acquisition par les locataires, destructions,...): 0
  • Nombre total de logements publics nouveaux réellement créés: 0
  • Nombre total de logements publics qui devraient en principe être créés durant le temps écoulé (sur base de 200 logements par mois): 600
  • Temps écoulé : 2 mois depuis les accords politiques (3 mois depuis le début de la législature)
  • Temps restant pour achever la mise à disposition des logements : 117 mois

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Remarques complémentaires :

- Un site http://www.planlogement.be avait été réalisé par le Secrétariat d'Etat bruxellois au Logement et à l'Urbanisme de la législature précédente. Ce site est encore accessible actuellement. Aucun site nouveau n'est encore disponible.

- Le texte de l'accord de gouvernement 2009-2014 est accessible à la page
http://www.parlbruparl.irisnet.be/images/imgparl/accords2009/accordsfr.pdf.

- Le secrétaire d'Etat compétent au logement a donné une interview au Soir le 2 octobre 2009 dans laquelle il n'a pas souhaité se fixer d'objectif chiffré déclarant "Je ne tiens pas à m’enfermer dans un objectif chiffré ni à me limiter à la construction". L'objectif chiffré est cependant dans la déclaration gouvernementale.

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Si vous communiquez des informations pertinentes, elles seront diffusées dans la prochaine lettre.

Didier Coeurnelle, conseiller communal à Molenbeek-Saint-Jean

mardi 29 septembre 2009

La mort de la mort. Septembre 2009.


Un vieillard qui meurt, c'est une bibliothèque qui brule. (Amadou Hampaté Bâ, 1900-1991)

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Thème du mois: Pourquoi vivre (longtemps)?

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Que nous le voulions ou non, nous vivons de plus en plus longtemps. Et pourquoi donc? Et bien d'abord, parce que la vie mérite d'être vécue. Parmi tous ceux qui, depuis l'invention de la médecine, se sont inquiétés d'une progression "artificielle" de la durée de vie, rares, très rares sont ceux qui ont refusé cette progression si peu naturelle de leur propre durée de vie. Lorsque le choix était entre une mort probable et des traitements aussi intégralement "antinaturels" que la pénicilline, le pontage cardiaque, la greffe de rein ou la transfusion sanguine, peu choisissaient le cimetière.

Le débat du naturel et de l'artificiel est ancien. Mais parmi les partisans contemporains de l'état de nature, quels sont ceux qui n'utilisent pas la modification chimique de la composition de leur nourriture (cuisson), des sortes de prothèse de protection thermique (vêtements) et contre les chocs (chaussures) pour ne parler que d'inventions radicalement antinaturelles mais multimillénaires?

Mais pourquoi poursuivre une vie en bonne santé? Parce que la vie humaine est notre bien le plus précieux et que refuser un traitement permettant sa prolongation se rapproche d'un homicide par négligence. Entre une personne âgée mourant sans soin dans une maison «de repos» et une personne âgée mourant du fait de progrès scientifiques non accomplis, la souffrance est très similaire. Et elle est intense.

Les religions contemporaines semblent s'opposer souvent aux avancées technologiques en matière de santé. Mais elles postulent presque partout et toujours que la vie humaine est précieuse. Les chrétiens, les musulmans, les juifs, les bouddhistes, les hindouistes, les shintoïstes rejoints d'ailleurs par les mouvements athées prônent le respect de la vie humaine. Les religions interdisent même le plus souvent le suicide. Vivre et ne pas laisser mourir. Dans la plupart des mouvements de pensée, une abstention ou un acte n'entraine pas à une considération éthique foncièrement différente. Il en va ainsi de ce qui peut provoquer la mort. Ainsi, aujourd'hui, l'immense majorité des citoyens est choquée lorsqu'une transfusion sanguine ou une transplantation d'organe est refusée alors qu'elle pourrait sauver un enfant. Or, quel acte plus artificiel que de prendre le sang ou un organe d'une personne pour le transférer à un autre être humain? Demain, nous serons pareillement scandalisés si une méthode pour prolonger la vie en bonne santé est consciemment et publiquement abandonnée.

Supposons qu'une maladie inconnue se répande de manière foudroyante et diminue l'espérance de vie de précisément 20 ans. Supposons qu'ensuite la découverte d'un médicament permette de gagner pour tous précisément 20 années et que ce médicament soit administré à tous aboutissant donc à une longueur de vie identique à avant la maladie. . Imaginons enfin qu'un beau jour la maladie disparaisse brutalement et que donc les citoyens se retrouvent avec 20 ans de vie en plus. Vous opposeriez-vous à la poursuite de la prise du médicament parce que les hommes atteignent maintenant un âge "artificiel"?

Peut-être que oui mais alors exigeriez-vous des autres qu'ils perdent 20 ans de vie?

Au cours des millénaires, la vie humaine a pris de la valeur. Petit à petit, même si l'évolution est loin d'être achevée, l'idée d'égalité s'est imposée. Un homme et une femme, un africain et un européen, une personne handicapée et un athlète, une personne âgée et un jeune, ne sont naturellement pas identiques, mais ils ont des droits de plus en plus égaux. Le jour où il sera possible de prolonger considérablement la vie, le concept d'égalité pourra gagner une dimension supplémentaire.

Veuillez laisser cette planète dans l'état dans lequel vous l'avez trouvée pourraient dire les défenseurs de l'environnement en guise de salut à ceux qui vont mourir bientôt. Et ils ont raison. Mais il n'empêche que plus la vie qui s'annonce est longue, plus l'attention à long terme pour le monde et ses habitants sera grande. Garder un environnement en meilleur état qu'un objet jetable est plus aisé avec un corps qui ne doit pas être trop rapidement jeté lui-même aux orties.

La sagesse s'apprend avec les années et non avec la dégradation progressive du corps. Une vie plus longue, beaucoup plus longue, permettra l'accumulation des connaissances, de la sagesse, des expériences et ceci sans la fragilité de l'esprit due à la fragilité du corps.

De plus, plus la vie humaine est longue et plus, progressivement et logiquement, elle devient précieuse. Dans un monde où les hommes meurent beaucoup plus tard, les accidents sont des drames qu'il devient de plus en plus souhaitable d'éviter, pour des raisons éthiques, mais aussi pratiques. Ce sont d'ailleurs les sociétés où la vie est la plus longue qui sont celles où la vie est la plus précieuse et inversement. Ainsi, au moyen-âge, les enfants mouraient souvent en bas âge. L'investissement affectif était moindre. Les mères prenaient soin de leurs enfants et leur souhaitaient le meilleur comme aujourd'hui, mais avec un investissement matériel et affectif moindre. Après-demain, nous regarderons peut-être le monde d'aujourd'hui comme aberrant, comme un monde où les voitures et les voyages valaient souvent plus que la vie humaine. La prolongation de la vie humaine est donc un moyen de rendre celle-ci, directement, mais aussi indirectement, plus précieuse.

Il y a enfin une raison morale moins agréable à citer. Par-delà les trajectoires individuelles, l'espèce humaine affronte des territoires incertains de par les progrès technologiques incroyablement rapides. Des nanotechnologies aux mutations génétiques artificielles en passant par la maitrise toujours plus grande des armes nucléaires, chimiques et bactériologiques. Que nous le voulions ou non, cette évolution n'est guère évitable. Mais chaque pas technologique qui favorise une vie plus longue et plus résistante est préférable à d'autres recherches et diminue les risques d'anéantissement. C'est souhaitable à moins que nous considérions la disparition de l'humanité et de la conscience comme souhaitables.

En guise de conclusion provisoire, pourquoi dépasser ce que la nature a fait? Pourquoi le silex, le feu, la roue, l'avion, l'espace, l'automatisation, les récits, les films et jusqu'à cet écran informatique que vous regardez en ce moment et dont l'accès internet vous offre, toujours plus une ouverture vers l'infini? Pourquoi? Notamment, parce que l'essence de l'être humain c'est de dépasser ses limites.


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lundi 31 août 2009

La mort de la mort. Numéro 6. Août 2009.


Au fond, personne ne croit à sa propre mort et dans son inconscient, chacun est persuadé de son immortalité. (Sigmund Freud, 1856-1939)

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Thème du mois: Les perspectives à long terme en matière de lutte contre le vieillissement

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Comme l'écrivait un humoriste, c'est extrêmement difficile de faire des prévisions surtout lorsqu'il s'agit du futur. Mais, en ce qui concerne la durée de la vie humaine, il est quand même possible d'envisager quelques évolutions.

Hypothèse pessimiste: les progrès des sciences s'essoufflent, petit à petit l'espérance de vie se stabilise. Sauf catastrophe, cette piste est peu probable. Il n'est pas certain que toutes les avancées ouvertes dans le cadre des progrès de santé produisent des effets, mais il est improbable que toutes les technologies prometteuses aboutissent à des culs-de-sac.

Hypothèse modérée: la tendance actuelle de progrès de l'espérance de vie en moyenne d'un trimestre par an dans les pays du Nord se poursuit comme elle s'est déroulée durant les trente dernières années. En l'an 2050, l'espérance de vie aura dépassé les 90 ans pour les femmes dans les pays comme le Japon ou la France. Dans les pays du Sud, la vie moyenne dépassera alors 70 ans presque partout. Mourir avant 80 ans sera un évènement perçu comme prématuré. Atteindre l'âge de 100 ans sera un évènement banal, surtout pour les femmes, mais pas majoritaire.

Mais ceci, ce sont les hypothèses en l'absence de progrès importants dans le domaine de la santé. Ce sont des hypothèses à supposer simplement que ce qui est déjà applicable aujourd'hui en matière de lutte contre les cancers, les maladies cardiovasculaires, l'obésité,... soit généralisé à tous progressivement au Nord puis au Sud.

Il est aussi possible d'envisager des progrès plus importants, notamment du fait de l'accélération des développements des connaissances scientifiques. Plusieurs voies sont envisageables:

- Les cellules souches. Aujourd'hui déjà, les capacités de régénération utilisées chez l'animal et chez l'humain sont testées. La perspective principale dans ce domaine est la possibilité pour ces cellules, issues du corps du patient, de régénérer ou remplacer les organes et les tissus sans difficulté liée au rejet puisque les cellules ont un patrimoine génétique identique. Le corps humain et plus encore le corps de l'animal ont déjà des possibilités de régénération importantes A terme, il est donc envisageable que le vieillissement en tout cas le vieillissement accéléré de certains organes s'interrompe. Des greffes ou des injections de cellules pourraient être effectuées par des procédés de moins en moins invasifs aussi aisés qu'une transfusion ou un baxter.

- Les sept sources de vieillissement selon Aubrey de Grey. Ce biogérontologue a défini ce qu'il estime être les sept causes du vieillissement. Il s'agit de 1) les mutations cancérigènes, 2) les mutations mitochondriales, 3) les déchets intracellulaires, 4) les déchets extracellulaires, 5) les pertes de cellules, 6) la sénescence cellulaire et 7) les protéines extracellulaires. Pour chacune des causes, Aubrey de Grey, considère que, si les efforts scientifiques et donc les moyens financiers sont suffisants, il sera possible d'ici 20 à 30 ans, de remédier largement au vieillissement causé et de prolonger la vie d'une vingtaine d'années. Ensuite, durant la période de temps nouvelle octroyée, il sera à nouveau possible de gagner 20 années et ainsi de suite. A ce moment, nous aurions atteintes la "vitesse d'échappement à la longévité", notre espérance de vie croîtrait aussi vite que le temps s'écoule.

- Les nanotechnologies: ici, nous sommes encore aux frontières de la science et de la science-fiction. L'élaboration de machines de plus en plus petites est réalisable techniquement. Ces machines pourront probablement un jour effectuer des tâches actuellement réalisées exclusivement par le corps humain ou par des interventions extérieures. Il est par exemple envisageable à terme de réaliser des micro-robots d'une taille d'une bactérie (1/1000ème de millimètre) détruisant sélectivement les cellules malades. Il s'agirait donc d'une machine minuscule effectuant de manière plus efficace un travail équivalent à celui des globules blancs. Petit à petit, chaque fonction du corps humain pourrait être prise en charge par un type de nanorobot.

- Le téléchargement de l'esprit. Il s'agit d'un futur à plus long terme aujourd'hui totalement hypothétique et de plus, pas nécessairement souhaitable. Imaginons qu'un jour nous arrivions à comprendre les neurones et leur fonctionnement. Puis que nous puissions remplacer un neurone par une unité informatique. Puis 1.000. Puis un million. Et puis un milliard. Un jour, les informations qui étaient dans les neurones pourraient être copiées sur un substrat informatique. Et ce jour-là, si la copie peut être complète et rapide, notre conscience pourra être sauvegardée et réutilisée. Ce domaine est actuellement encore de la pure spéculation, largement abordé dans la science-fiction, peu abordé au niveau scientifique. La réalisation un jour de ce type de copie n'est envisageable techniquement que si la conscience humaine (et d'ailleurs la conscience en soi) peut être réalisée sur un substrat non biologique.

Ce bref tour d'horizon du comment depuis le probable à l'hypothétique étant achevé, il reste la question du pourquoi. Pourquoi vivre plus longtemps? Ne serait-ce pas ennuyeux ou immoral? Ce sera le thème du prochain numéro.

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Le conseil pratique pour vivre longtemps: soyez heureux

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Les gens heureux n'ont pas d'histoire, dit-on. Mais ils vivent plus longtemps. Evidemment, être heureux, cela ne se décide pas. Bien sûr, il y a la question de la poule et de l'oeuf. Peut-être que les gens heureux vivent plus longtemps parce qu'ils sont heureux. Mais peut-être sont-ils heureux parce qu'ils vivent dans des circonstances favorables permettant une vie plus longue. Cependant, les études semblent bien indiquer qu'une approche positive de la vie, un sentiment de bonheur permet une vie plus longue.

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vendredi 21 août 2009

Pour une gauche prospective et donc technoprogressiste

Aujourd'hui, les progressistes ne rêvent plus guère de progrès techniques et ils ont tort. Ils contemplent des risques du passé ou du présent plutôt que d'imaginer le futur.

Les capacités informatiques et donc technologiques progressent à un rythme exponentiel ininterrompu depuis plus de cinquante ans. Nous ne le percevons pas encore pleinement, mais chaque année, les connaissances humaines et leur traitement sont plus gigantesques et plus immatérielles.

Ce qu'il y a un demi-siècle, nous aurions appelé sans hésiter de l''intelligence artificielle se répand. Traductions automatiques, corrections automatiques, indexations automatiques, copies automatiques. En fait, l'intelligence artificielle existe déjà, mais par morceaux. Du bras artificiel au moteur de recherches Google en passant par le GPS, il y a déjà bien plus pour chaque partie que dans les capacités humaines de domaines comparables.

Selon certains spécialistes informatiques, dont un nommé Ray Kurzweil, le jour où l'intelligence artificielle, surgira, son développement se fera, non plus à la vitesse de la physiologie, mais à celle de l'informatique. L'intelligence et la conscience se développeraient plus rapidement que l'intelligence humaine et peut-être indépendamment d'elle. Si nous souhaitons influencer ce futur pas si lointain, c'est maintenant qu'il faut orienter les recherches notamment dans une optique de respect, de développements des droits et d'égalité. Une fois le développement exponentiel entamé, il sera trop tard pour nous pour orienter les progrès.

En fait, l'accélération brutale (appelée par ceux qui annoncent cet évènement "singularité") est incertaine. Par contre, une poursuite des progrès techniques rapide qui rendra en quelques décennies le monde totalement différent du monde actuel est très probable sauf catastrophe majeure.

Une catastrophe majeure naturelle de type chute d'astéroïde, supervolcan,... est très peu probable. Ce type d'évènement ne se produit que rarement à l'échelle de l'histoire du monde et jamais ou presque à l'échelle de l'histoire de l'humanité.

Par contre, le risque de catastrophe causée directement ou indirectement par l'être humain n'est pas négligeable, risques directs ou risques indirects.

Le risque direct majeur est une escalade nucléaire. Le risque est moins grand aujourd'hui que lorsque l'Union soviétique existait, mais il reste bien présent. Cette escalade pourrait se produire suite à une crise politique ou par les conséquences en cascade d'une première utilisation d'arme nucléaire par erreur ou par la malveillance d'un groupe restreint d'individus.

Le risque indirect majeur le plus médiatisé est celui d'un réchauffement climatique trop rapide avec effet exponentiel déclenchant une crise humaine et économique majeure. Il s'agirait d'une crise qui désintègrerait les sociétés contemporaines, créerait des conflits sans équivalent et, par effet de "vrille", une diminution généralisée du bien-être puis des connaissances. Enfin, il y a le risque politique de crises éthiques, sociales et/ou économiques qui seraient tellement déstabilisantes qu'elles seraient suivies progressivement ou rapidement d'une interruption totale du progrès économique et scientifique et puis d'une régression.

Cependant, des catastrophes majeures avant la singularité ou avant les progrès techniques importants et rapides sont quand même relativement peu probables. Les intellectuels, les citoyens et les politiques adorent se raconter des scénarios catastrophes mais, en fait, durant ces trois derniers siècles, les sociétés humaines sont devenues plus grandes, plus prospères, plus instruites et donc plus résistantes aux catastrophes que jamais. Notamment parce que les gouvernements sont économiquement, intellectuellement et politiquement plus capables qu'hier de prendre des mesures: de la lutte contre la surpopulation à celle contre les effets de serre.

Par contre, la singularité ou les progrès technologiques comportent des risques d'autodestruction non négligeables. En effet, il est malheureusement quasiment certain que les avancées seront rapides et importantes tant dans l'art de construire que dans l'art de détruire.

Il est pourtant vain de vouloir s'opposer aux progrès technologiques, car ils ne pourraient pas être interrompus. Un arrêt volontaire de certains progrès par les acteurs les plus éthiques augmenterait les risques d'avancée plus rapide des progrès les plus dangereux. Un arrêt de l'ensemble des progrès techniques nécessiterait une catastrophe mondiale. Et cela signifierait notamment des centaines de millions ou des milliards de décès et la misère des survivants. Et si l'espèce humaine s'en remettait et progressait à nouveau, cela ne ferait que repousser les développements de quelques décennies ou de quelques siècles.

Il est donc fondamental d'orienter autant que possible les évolutions technologiques, mais aussi sociales dans des directions qui limitent les possibilités de destruction. Ceci est extrêmement malaisé étant donné l'ampleur et l'incertitude des changements qui s'annoncent et parce que la plupart des progressions scientifiques importantes sont susceptibles d'utilisations tant pacifiques que bellicistes.

Il n'empêche que:

° Ce qui favorise la résilience des êtres humains et de la conscience limite les risques de destruction et d'autodestruction. Il en va notamment ainsi de ce qui favorise la vie sans vieillesse et en bonne santé. Le respect des êtres doués de conscience sera plus aisé si l'être humain cesse de mourir de vieillesse ou de maladie. En effet, à ce moment, un meurtre deviendrait un acte bien plus monstrueux qu'aujourd'hui. Tuer aujourd'hui n'est que précéder un sort inévitable. Tuer demain, ce pourrait être un crime sans équivalent imaginable. Pour introduire un élément de comparaison: autrefois, tuer un bébé était moins réprouvé qu'aujourd'hui. En effet, comme les enfants mourraient très souvent en bas âge, l'investissement affectif était plus faible. Donc plus la vie est longue, plus, toutes choses étant égales par ailleurs, l'investissement affectif peut être grand. Et c'est tant mieux à tous les niveaux.

° Ce qui favorise le refus absolu de tuer (ou de laisser mourir) un être conscient limite les risques de destruction et d'autodestruction. Cela peut être répandu plus encore qu'aujourd'hui culturellement, psychologiquement, socialement, sociologiquement et par l'éducation tout au long de la vie. Lorsque c'est possible, cela devrait aussi être développé technologiquement. Ce seraient par exemple des variantes élaborées des trois lois "inventées" par l'auteur de science-fiction Asimov obligeant une machine consciente à obéir aux êtres humains sans en menacer d'autres. Malheureusement, dans ce domaine, le risque militaire n'est déjà plus de la science-fiction, les avions sans pilotes (drones) au Pakistan tuant par exemple déjà plus de civils que de combattants.

En conclusion, être progressiste devrait signifier notamment favoriser la résilience des êtres humains et, à terme probablement (même si cela apparait comme de la science fiction aujourd'hui) celle de tout être conscient. Cela passe aussi entre autres par le refus absolu de tuer et la recherche de droits plus nombreux et plus égaux pour chacun non pas en s'opposant, mais bien en accompagnant les progrès technologiques.

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Pour en savoir un peu plus: http://technoprog-fr.blogspot.com et http://transhumanistes.com

Sources des îmages: Site http://technoprog-fr.blogspot.com et Chaplin dans "Les temps modernes"

vendredi 31 juillet 2009

La mort de la mort. Numéro 5. Juin - juillet 2009.

J'estime que durant les prochaines décennies, nous déchiffrerons les secrets du vieillissement humain et nous serons capables de ralentir, arrêter et finalement renverser le vieillissement. Et ce n'est pas un "si", c'est un "quand". (Peter Diamandis, créateur du "X-Prize", juin 2009, traduction)

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Thème du mois: Les recherches en cours en ce début de 21 ème siècle

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Cette lettre d'actualité mensuelle a pour objectif de vous faire connaître les avancées scientifiques vers un monde où l'être humain ne mourra plus de vieillesse. Vos réactions sont les bienvenues.

La première décennie du troisième millénaire n'est pas encore achevée. Dans beaucoup de domaines scientifiques et technologiques, durant la centaine de mois qui ont suivi l'an 2000 les changements ont déjà été importants. Ainsi, pour la première fois dans l'histoire de l'humanité, depuis 2008, la majorité des humains adultes disposent d'un téléphone mobile. Ils disposent donc d'une technologie qui était inaccessible à l'immense majorité il y a 20 ans et qui était de la science-fiction il y a 40 ans.

Dans le domaine de la lutte contre le vieillissement, les changements ont été aussi importants, que ce soit du point de vue scientifique que dans celui de la vie courante et, dans une moindre mesure, au niveau social et psychologique.

Pour débuter par le socio-psychologique, c'est à la fin du 20 ème et en ce début de 21ème siècle que commencent timidement à se développer, principalement aux Etats-Unis, les premiers mouvements faisant de la lutte contre le vieillissement un objectif politique, scientifique et éthique spécifique.

Dans le domaine de la vie courante, si l'on considère que 60 ans est l'âge charnière du début de la vieillesse, c'est depuis le tournant du millénaire que presque partout dans le monde et non plus seulement dans le Nord, les hommes et les femmes atteignent maintenant le troisième âge. Ainsi, au Bangladesh, un des pays les plus pauvres du monde, l'espérance de vie atteint désormais environ 63 ans. Et dans la capitale chinoise, Pékin, l'espérance de vie dépasse désormais l'âge moyen que peut atteindre un habitant de Washington. Et ce n'est pas parce que la durée de vie d'un habitant de la capitale fédérale américaine devient plus courte. C'est parce que l'espérance de vie des citoyens chinois augmente plus rapidement.

Ce mouvement positif se poursuit, avec des rythmes différents, partout dans le monde à la seule triste exception des pays de l'Afrique subsaharienne touchés par le Sida et de la Russie. Le lecteur de ces lignes qui habite en France, en Belgique ou au Canada a ainsi déjà gagné plus de deux années de vie depuis le 1er janvier de l'an 2000. La pollution, les crises, la suralimentation croissante, les cancers, les maladies cardio-vasculaires et toutes les causes de décès continuent donc bien sûr de tuer, mais de moins en moins rapidement.

Dans le domaine purement scientifique, le décryptage complet du patrimoine génétique du vivant se poursuit comme à la fin du vingtième siècle, mais à un rythme de plus en plus rapide et à un coût qui va diminuant. Bien des explications du vieillissement et des causes génétiques des différences de longévité entre espèces sont petit à petit dévoilées. Dans le domaine des recherches appliquées, la piste la plus prometteuse est probablement celle du remplacement ou du renforcement des tissus et des organes par des cellules-souches. Il y a 10 ans, ces cellules-souches ne pouvaient provenir que d'embryons ce qui posait des problèmes éthiques à beaucoup de scientifiques et à nombre de responsables politiques. Aujourd'hui, il est possible de transformer des cellules adultes en cellules souches et des expériences se déroulent afin de créer des organes "in vitro", d'injecter des cellules souches dans des tissus malades, de lutter contre la maladie d'Alzheimer.

Parmi les mouvements participant à ces avancées, le gérontologue Aubrey de Grey a fait connaître aux médias qu'il estime vaincre le vieillissement humain en traitant sept types de formes biologiques de vieillissement: les mutations au sein de l'ADN, les mutations au sein des mitochondries, les déchets intracellulaires, les déchets extra-cellulaires, la perte non remplacée de cellules, la sénescence des cellules et enfin les liaisons défectueuses de protéines. Il affirme que, sous réserve de recherches suffisantes, il sera possible d'ici 20 à 30 ans de prolonger ainsi de deux ou trois décennies notre espérance de vie.

Par ailleurs, les premières années du troisième millénaire ont apporté tout récemment deux preuves de prolongation de la vie de mammifères par voie orale. La restriction calorique était connue depuis des décennies comme permettant d'allonger la vie des souris. Il est maintenant prouvé que la vie de primates à savoir des macaques est plus longue avec un régime alimentaire restreignant la quantité de nourriture. Ceci grâce à une expérience qui avait commencé il y a 20 ans, mais dont les résultats intermédiaires viennent d'être communiqués,. Par ailleurs, des chercheurs ont découvert que l'absorption de rapamycine, une substance à effet immunosuppresseur (utilisée chez l'homme pour empêcher les rejets de greffes) prolongeait la vie de souris d'âge mur (des souris de deux ans soit l'équivalent de soixante ans pour les êtres humains). C'est la première fois qu'il est indiscutablement prouvé (par plusieurs équipes scientifiques) que l'ingestion d'une substance permet la prolongation sensible de l'espérance de vie d'un mammifère. Mais les effets secondaires de la rapamycine sur l'homme sont importants, aussi la recherche de composés proches est en cours

Les scientifiques poursuivent leurs recherches. Et ils nous préparent, sauf accident, des lendemains et des surlendemains qui chantent. Mais les questions politiques, sociale et éthiques qui se poseront seront-elles plus ardues que l'obtention d'une vie plus longue? Les perspectives seront le thème de la prochaine lettre.

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Le Conseil pratique pour vivre longtemps: faites de l'exercice, mais sans excès

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Ce conseil n'est certainement pas le plus original. L'activité physique, si elle n'est pas poussée à l'extrême, est indispensable à la santé. Un membre ou un organe qui ne fonctionne pas ou pas assez se détériore. Et il en va de même pour un membre ou un organe qui est poussé dans ses derniers retranchements. Par exemple, la marche à pied combinée à l'utilisation des transports peut être un moyen idéal, physiquement, écologiquement et aussi psychologiquement vu le stress lié à l'utilisation d'un véhicule individuel.

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dimanche 19 juillet 2009

3.500 logements sociaux bruxellois en 1.750 jours: lettre bimestrielle (numéro 26) Juillet 2009. // 25.000 logements en 3.600 jours (numéro 1)

Les accords gouvernementaux régionaux bruxellois de l'été 2004 prévoyaient la création de 3.500 logements sociaux et 1500 logements moyens durant la législature 2004-2009. Il s'agissait là de la mesure sociale la plus ambitieuse du gouvernement "Olivier" bruxellois.

Les accords gouvernementaux régionaux bruxellois de l'été 2009 sont encore plus ambitieux. Ils prévoient, d'ici à 2019, une augmentation radicale du nombre de logements publics par une norme à atteindre dans les 10 années à venir de 15% de logements de qualité à gestion publique et à finalité sociale. Concrètement, pour que la norme soit atteinte, 25.000 logements publics au moins doivent être créés en deux législatures ou encore plus de 200 logements par mois. En fait, vu l'augmentation de la population bruxelloise, le nombre de logements devant être créés sera même probablement plus élevé.

Il s'agit d'une mesure extrêmement volontariste que des dizaines de milliers de personnes attendent avec impatience dans une ville où il peut faire bon vivre lorsque le logement n'est pas un problème, mais où ledit logement engouffre la majorité du budget des plus démunis.

Six semaines après les élections régionales et quelques jours après la création du nouveau gouvernement, il est encore bien sûr trop tôt pour mesurer l'avancement du nouvel accord.

Cette lettre ne porte donc encore de manière chiffrée que sur le bilan final de la législature passée En fait, depuis la dernière lettre bimestrielle de mai, les projets n'ont quasiment pas progressé et ce bilan est et reste donc celui d'un échec quasi complet.

Mais la mesure de la réalisation des objectifs de la nouvelle législature pourra être commencée très rapidement. En effet, l'objectif nouveau ne concerne plus seulement la construction ab nihilo de logements, mais aussi la transformation de bureaux et de biens à l'abandon en logements ainsi que la poursuite de constructions déjà entamées. Et les accords concernent des constructions et des transformations sur le court, moyen et long terme, c'est-à-dire, logiquement, à terme long de 10 ans, moyen de quelques années et court de quelques mois. C'est courageux de la part des partenaires Olivier de s'être engagés aussi sur le court terme et cela ne sera évidemment pas facile.

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Etat final de l'échec de la construction des 5.000 logements (connu au 15 juillet 2009):

- 211 : Nombre de logements réellement construits (4 % de l'objectif de départ)(certains avancent le chiffre de 280)
- 777 : Nombre de logements en cours de construction (16 % de l'objectif de départ)
- 4.012 : Nombre de logements totalement non réalisés (90 % de l'objectif de départ)

- 5.000 : Nombre de logements qui auraient dû être construits si les engagements du gouvernement Olivier précédent avaient été respectés
- 18.000 : Nombre approximatif de personnes qui seraient actuellement logées dans des logements sociaux et moyens si les accords avaient été appliqués

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La prochaine lettre s'efforcera de détailler le niveau de réalisation du plan décennal de réalisation de 25.000 logements ventilé comme suit:

  • nombre de logements publics nouveaux construits
  • nombre de logements publics créés à partir de bureaux transformés
  • nombre de logements publics créés à partir de logements et autres immeubles abandonnés
  • nombre de logements publics créés par d'autres moyens (acquisitions, locations,...)
  • - Suppressions de logements publics (acquisition par les locataires, destructions,...)
  • Nombre total de logements publics nouveaux réellement créés

  • Nombre total de logements publics qui devraient en principe être créés durant le temps écoulé (sur base de 200 logements par mois)

  • Temps écoulé : 0 mois depuis les accords politiques (1 mois depuis le début de la législature)
  • Temps restant pour achever la mise à disposition des logements : 119 mois

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Remarques complémentaires :

- Un site http://www.planlogement.be
avait été réalisé par le Secrétariat d'Etat bruxellois au Logement et à l'Urbanisme de la législature précédente. Ce site est encore accessible actuellement.

- Le texte de l'accord de gouvernement 2009-2014 est accessible à la page http://www.parlbruparl.irisnet.be/images/imgparl/accords2009/accordsfr.pdf.

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Si vous communiquez des informations pertinentes, elles seront diffusées dans la prochaine lettre.

Didier Coeurnelle, conseiller communal à Molenbeek-Saint-Jean

lundi 15 juin 2009

La mort de la mort. Numéro 4. Mai - juin 2009.


Je ne veux pas atteindre l'immortalité grâce à mon œuvre. Je veux atteindre l'immortalité en ne mourant pas. (Woody Allen, cité dans Woody Allen and his Comedy par Edward Lax)


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Thème du mois: Les précurseurs. Le 20ème siècle.

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Cette lettre d'actualité mensuelle a pour objectif de vous faire connaître les avancées scientifiques vers un monde où l'être humain ne mourra plus de vieillesse. Vos réactions sont les bienvenues.

Lorsque nait le 20ème siècle, un philosophe russe, Nikolai Fyodorov, vit ses dernières années. Il croyait au progrès et faisait partie d'un mouvement appelé "cosmisme". Il estimait qu'un jour, l'homme ne mourrait plus de vieillesse. Et même, optimisme suprême, il pensait qu'un jour, il pourrait être possible de faire revivre ceux qui ne sont plus.

Au cours du 20ème siècle, l'espérance de vie, dans les pays les plus développés, va doubler. Petit à petit, à l'échelle d'une vie humaine, mais à une vitesse extraordinaire à l'échelle historique, les causes majeures de mortalité qu'étaient la mortalité infantile, les accidents et la violence, les maladies infectieuses et la malnutrition vont devenir de moins en moins fréquentes. A la fin du 20ème siècle, l'homme et la femme d'un état industrialisé meurt, dans la grande majorité des cas, d'une maladie liée à la vieillesse, le plus souvent avec des causes cardio-vasculaires ou en rapport avec la dégénérescence cellulaire (cancer, maladie d'Alzheimer...).

L'écoulement du temps, l'usure des corps, deviennent la première cause de mortalité pour tous. Et certains s'attaquent aux causes connues de l'usure dès les années 20 du siècle passé. Ainsi, le biologiste français Alexis Carrel avec l'aide du célèbre aviateur Charles Lindbergh accomplira notamment nombre d'expériences de transplantation. Il réussit à faire battre in vitro un cœur de poulet pendant des décennies. Il imaginait à terme par ces transplantations pouvoir assurer une jeunesse renouvelée. Malheureusement, Alexis Carrel se distinguera aussi par sa collaboration idéologique et scientifique avec l'Allemagne nazie durant la seconde guerre mondiale.

Dans la seconde moitié du 20ème siècle, ce sont les briques ultimes de la vie, l'acide désoxyribonucléique et les fondements de la génétique qui sont, petit à petit, explorés. Le processus des découvertes se poursuivra encore au 21ème siècle.

En 1965, un chercheur américain, Leonard Hayflick, découvre que les cellules humaines ne se divisent pas à l'infini. Ainsi, la "limite de Hayflick" pour les cellules humaines est d'environ 70. Après, du fait du raccourcissement excessif des télomères (une partie des chromosomes), la cellule ne se divise plus ou mal. Cette cause de vieillissement ainsi que d'autres causes de détérioration de l'organisme, qui ne peuvent être abordées en quelques lignes, font comprendre que le vieillissement est encore inévitable à court et moyen terme.

Que faire en attendant? Une piste qui s'ouvre durant les "Golden sixties" c'est la cryogénisation. Durant ces années de conquêtes spatiales et technologiques rapides, certains sont convaincus que les progrès du savoir permettront un jour de guérir toutes les maladies.
Mais ils savent aussi que ces avancées ne seront probablement pas possibles avant leur propre décès et celui de leurs proches. En attendant des progrès suffisants, il est possible de conserver le corps de personnes qui viennent de mourir à une température très basse de - 180 degrés dans de l'azote liquide.

En 1962, un physicien et mathématicien américain, Robert Ettinger, propose dans son livre "The prospect of immortality" de permettre systématiquement cette conservation par le froid. Quarante ans plus tard, cependant, malgré les progrès dans ce domaine, il n'est pas encore possible de "ranimer" un être humain ou même un mammifère de petite taille. Le nombre de personnes "cryogénisées" reste peu élevé.

Dans un cadre plus pragmatique, tout au long du 20ème siècle, les recherches, expérimentations et analyses statistiques se multiplieront. Elles permettront, d'une part, de mieux comprendre les aspects multiples du vieillissement et, d'autre part, de ralentir quelque peu son processus. C'est ainsi que la connaissance progressera pour ce qui concerne tant les substances et comportements diminuant l'espérance de vie (tabagisme, consommation d'alcool, alimentation trop riche, stress important, radiations,...) que pour ce qui allonge la durée potentielle de l'existence (restriction calorique de l'alimentation, vie équilibrée et heureuse, exercices réguliers, absorption suffisante de certaines substances et compléments alimentaires...).

Mais ces progrès ne sont que relatifs. Quelles que soient les promesses de spécialistes parfois auto-désignés et pas toujours honnêtes, seul est possible un allongement limité de la durée de vie en bonne santé, de l'ordre de quelques années, 10 ou 20 ans au maximum. Avec toutes les méthodes classiques pour vivre plus longtemps, inévitablement, in fine, l'organisme se dégrade notamment du fait des limites de division cellulaire déjà citées..

Cependant les limites de division ne s'appliquent pas à toutes les cellules. Les cellules d'un ovule fécondé se divisent sans limite. Il en va de même pour les premières cellules issues de cet ovule fécondé.
Il en va -malheureusement- également de même pour les cellules cancéreuses qui ont pour caractéristique fondamentale de se multiplier anarchiquement et sans limite.

L'espoir de certains scientifiques était -et est encore- que, grâce aux cellules souches, il soit un jour possible de reconstituer tout organe déficient du corps. Pour cela, les chercheurs du 20ème siècle pensaient que les seules cellules utilisables étaient les cellules de l'embryon. C'étaient en effet les seules cellules "omnipotentes", c'est-à-dire les seules cellules pouvant donner naissance à tout type de cellule du corps (cellule de la peau, des os,...).

Or, l'utilisation de ces embryons posait des problèmes éthiques.

Mais depuis, nous sommes entrés dans le 3ème millénaire, de nouvelles perspectives se sont ouvertes. La prochaine lettre fournira des informations à ce sujet.

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Le conseil (non) pratique pour vivre longtemps: choisissez bien vos parents

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Votre espérance de vie dépend largement de celle de vos parents. Les enfants de parents et grands-parents vivant longtemps, vivent en moyenne plus longtemps. Evidemment, il est trop tard pour choisir vos parents mais par contre connaître les risques de santé de vos ascendants peut contribuer à limiter les vôtres.

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