dimanche 20 janvier 2008

Les milliardaires américains sont trop à gauche pour la Belgique

Monsieur Bill Gates, premier homme le plus riche du monde, a décidé de consacrer l'essentiel de son patrimoine à des objectifs sociaux, essentiellement en matière de santé et de lutte contre l'extrême pauvreté dans les Etats du Sud (et non dans des domaines informatiques comme il est souvent affirmé). Il a donc décidé de déshériter à plus de 90 % ses 3 enfants.

Monsieur Warren Buffett, second homme le plus riche du monde, a décidé de consacrer 83 % de son patrimoine aux mêmes buts que monsieur Gates, décidant donc de déshériter à plus des 4/5èmes ses 3 enfants.

A noter que ces 2 citoyens américains atypiques sont aussi opposés à la diminution des impôts pour les revenus élevés.

Quelles que soient les opinions relatives aux motivations liées à ce type d'acte et quelles que soient les critiques vis-à-vis du travail des organisations sociales soutenues par ces 2 hommes, il n'en reste pas moins que:

  • En valeur relative, les donations sont plus de mille fois supérieures à celles effectuées par le belge moyen. En effet, le belge donne en moyenne 7 euros par an pour ce qui concerne les dons fiscalement déductibles soit beaucoup moins qu'un millième de son revenu.
  • En valeur absolue, au rythme actuelle de (l'absence de) générosité des belges, les donations sont supérieures à ce que donnerait l'ensemble de la population belge durant plusieurs siècles. En effet, les dons annoncés de Warren Buffett et de Bill Gates représentent plus de 50 milliards de dollars alors que les dons déductibles de l'ensemble de la population belge représentent environ 70 millions d'euros.

En Belgique, les législations relatives aux successions (réserve successorale) obligent à transmettre le patrimoine prioritairement aux descendants. Et donc en l'espèce, les droits patrimoniaux issus du patrimoine génétique ont primauté sur la lutte contre la malaria (une des priorités de la Fondation Gates).

Ne serait-il pas temps, en se basant sur l'exemple "gauchiste" américain, de s'interroger sur la moralité et la concordance vis-à-vis des droits humains non héréditaires de la législation successorale belge? Particulièrement dans un des pays les plus riches du monde où la première source de patrimoine n’est ni le travail, ni la loterie nationale mais la la loterie génétique notamment par l’héritage.

Et par ailleurs, ne serait-il pas temps en Belgique, notamment à gauche, de relancer un peu la mode du partage tant obligatoire (l’impôt) que facultatif (le don)? Qu’en pensent les 100.000 millionnaires (en euros) belges? Et les millionnaires socialistes ou écologistes?

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Plus d'informations concernant:

La fondation Melinda Gates (en anglais): http://en.wikipedia.org/w/index.php?title=Bill_%26_Melinda_Gates_Foundation&oldid=185204208. Il faut noter que les donations annoncées ne sont pas encore toutes effectuées. Les moyens disponibles représentent cependant déjà plus de 36 milliards de dollars.

L'obligation (et non la possibilité) de donner ses biens à ses enfants en cas de décès: articles 913, 920, 921 et 922 du Code civil, source http://wwww.juridat.be

Bill Gates en faveur de l’impôt (en anglais) : http://www.usatoday.com/money/industries/technology/2003-01-12-gates_x.htm

mercredi 9 janvier 2008

Pauvreté et richesse dans un monde de cocagne et d'inégalités.

Jamais, dans l'histoire de la Belgique, nous n'avons été aussi riches. Les citoyens ont bu plus de champagne en 2007 que jamais auparavant, ils partent plus en vacances et ils achètent plus de voitures. Et les évolutions probables pour 2008 vont dans le même sens.

Et cette évolution, contrairement ce qui est parfois affirmé touche aussi la majorité des pauvres en Belgique. Par exemple, alors qu'en 1991, une personne sur 9 n'avait pas de salle de bains, il y en avait moins d'une sur 20 en 2001. Egalement en 1991, 8 % des logements étaient encore sans toilette intérieure et 39 % sans chauffage central, 10 ans plus tard, il n'y avait plus que 4 % de logements sans toilette intérieure et 27 % sans chauffage intérieur.

Et le pourcentage de personnes défavorisées sans GSM, sans accès internet et même sans voiture diminue également rapidement.


Alors, qu'est-ce qui fait que beaucoup estiment qu'ils s'appauvrissent? C'est notamment causé par une augmentation de certaines insécurités (risque de perte du travail surtout), par l'augmentation de certaines inégalités (notamment vu la diminution de la part des revenus du travail dans les patrimoines), par la perte de repères suite aux bouleversements techniques (être dépassé dans un domaine donne une impression d'insécurité) et enfin par la distance qui se creuse pour ceux qui restent sur le côté ("qui n'avance pas, recule").


Mais c'est aussi causé par un environnement culturel et idéologique global dans lequel l'augmentation de consommation de plus en plus rapide est un droit inaliénable voire presque un devoir. Et un environnement où la non-consommation est souvent perçue comme stigmatisante, particulièrement dans les milieux culturellement défavorisés. Et pourtant, cette évolution est difficilement soutenable tant en termes économiques qu'écologiques.


Au niveau global également, nous sommes de plus en plus riches. Depuis quelques années, pour la première fois dans l'histoire de l'humanité, il y a plus de gens trop gros que de gens trop maigres. Et il y a un petit peu moins d'extrême pauvreté en pourcentage et même en chiffres absolus. Mais c'est une évolution en bas de l'échelle beaucoup moins rapide que dans les Etats du Nord. Et partant de plus bas. Et les laissés pour compte absolus, dont l'espérance de vie n'atteint généralement pas 50 ans sont encore plus de 800 millions. Et de plus, dans de nombreux pays, principalement africains, l'évolution est à l'aggravation.


Et, quelle que soient les difficultés psychologiques, sociologiques ou matérielles au Nord, aussi longtemps que des être humains mourront de faim ou de maladies aisément guérissables pour des raisons purement économiques, être de gauche, n'est-ce pas d'abord lutter pour que cette situation là cesse?


Il vous appartient de décider si ce combat est prioritaire.


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Pour plus d'information, voir notamment:

Un document plus long intitulé "Richesse, pauvretés et leurs mesures: http://www.utopianchronicles.org/richesse-pauvrete.htm
Les statistiques de Statbel (ex INS) concernant le logement:
http://statbel.fgov.be/press/pr071_fr.asp#4
Une comparaison de niveau de vie entre 1973 et 2007:
http://www.utopianchronicles.org/schema1.htm
La définition du seuil de pauvreté:
http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Seuil_de_pauvret%C3%A9&oldid=23507178

mardi 1 janvier 2008

3.500 logements sociaux bruxellois en 1.750 jours: lettre bimestrielle (numéro 17). Nouvel An 2008.

Les accords gouvernementaux régionaux bruxellois de l'été 2004 prévoyaient la création de 3.500 logements sociaux durant cette législature (et 1.500 logements moyens). Il s'agissait là de la mesure sociale la plus ambitieuse du gouvernement "Olivier" bruxellois.

Il s'agissait aussi d'une mesure que des dizaines de milliers de personnes attendaient (et attendent toujours) avec impatience dans une ville où il peut faire bon vivre lorsque le logement n'est pas un problème mais où ledit logement engouffre la majorité du budget des plus démunis. Dans cette ville, des milliers de logements neufs devraient stabiliser des loyers qui grimpent.

Voici pourquoi, cette lettre vous informe tous les 2 mois de l'avancement de ce dossier prioritaire. Malheureusement, le mot "avancement" est à prendre avec philosophie (facile à écrire si vous attendez votre logement social depuis plus de 35 mois).

Au rythme actuel de construction, à supposer que 200 logements soient achevés dans les 6 prochains mois (ce qui est une hypothèse optimiste), il faudra 2 siècles pour achever le plan prévu pour se réaliser en 5 ans.

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Etat d'avancement de la construction des 5.000 logements (connu au 1er janvier 2008) :

- 0 : Nombre de logements réellement construits (0 % de l'objectif de départ)
- 314 : Nombre de logements en construction (6 % de l'objectif de départ)


- 3.600 : Nombre approximatif de logements qui devraient être actuellement construits (au prorata) (*)
- 10.000 : Nombre approximatif de personnes qui seraient actuellement logées dans des logements sociaux et moyens si les accords gouvernementaux bruxellois de 2004 étaient appliqués (au prorata)(*)


- Temps écoulé : 42 mois depuis les accords politiques (43 mois depuis le début de la législature) - Temps restant pour achever la mise à disposition des logements : 17 mois (15 mois avant le début de la campagne électorale)

(*) Pour les logements sociaux uniquement (sans logements moyens), il s'agit de 2.400 logements et 6.800 personnes.

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Remarques complémentaires :

- Plus de 6 mois après la pose de la première pierre (le 25 juin 2007), les logements du Scheutbos, n'ont toujours pas dépassé les premiers murs du rez-de-chaussée. Sauf erreur, les autres logements "en construction" ne sont guère plus avancés.

- Par "logement social" ci-dessus, il faut entendre "nouveau logement social en région bruxelloise tel que prévu dans les accords bruxellois" (portail.irisnet.be/cmsmedia/fr/2004_acgouv.pdf?uri=43742a96072f96dd010732949354014a <http://portail.irisnet.be/cmsmedia/fr/2004_acgouv.pdf?uri=43742a96072f96dd010732949354014a>). 1.500 logements pour les revenus moyens sont également prévus.

- Lors des premiers mois de la législature, il n'était techniquement pas possible d'achever les premières constructions (même si les premières annonces publiques des 5.000 logements étaient en fait bien antérieures aux accords régionaux). Logiquement, il devrait donc y avoir actuellement peu de constructions achevées (moins qu'au prorata) mais beaucoup de constructions débutées (plus qu'au prorata).

- Le 21 octobre 2004, le Soir titrait "600 logements concrétisés dès 2005". Le 16 février 2007, madame Dupuis annonce fièrement dans sa lettre d'information datée du 16 février 2007 : "Les 400 premiers logements sortiront bientôt de terre" (Lettre d'information du 16 février 2007). Le 14 novembre 2007, dans sa lettre d'information, elle ajoute "plus de 4100 logements au travers d'une trentaine de projets (...) sont en gestation".

- Depuis le mois de décembre, un site http://www.planlogement.be/ a été réalisé par le Secrétariat d'Etat bruxellois au Logement et à l'Urbanisme. Vous n'y trouverez (bien sûr) pas les chiffres récapitulatifs produits dans la présente lettre.